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    Cercle Généalogique Sud Bretagne Morbihan

    http://www.cgsb56.asso.fr

     

    Cercle Généalogique et Historique du Poher

    http://www.cgh-poher.org

     

    Centre Génalogique de l'Orne et du Perche

    http://www.orne-perche.com 

     

    Histoire et mémoires d'Ergué-Gabéric

    blog du site GrandTerrier. 


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  • Des archéologues ont découvert un véritable trésor au pied du rocher de l’Impératrice, à Plougastel-Daoulas (1). Datées de 14 000 ans, ces plaquettes de schiste gravées seraient les plus anciennes œuvres d’art découvertes en Bretagne. 

    Qu’ont découvert les chercheurs ?

    Ce sont quelques 45 plaquettes de schiste gravées qui ont été découvertes sur le site du rocher de l’impératrice en Bretagne. Si parmi elles, la pièce 741 (environ 30 cm de côté) baptisée « Kezeg brav » (« beau cheval » en breton) par les archéologues, arbore un magnifique cheval entièrement gravé sur les deux faces, une autre, découverte antérieurement, leur vole clairement la vedette. Il s’agit de la tablette 317, découverte deux ans plus tôt.

    Tout comme la 741, elle est gravée des deux faces, mais représente la tête d’un auroch. D’un côté, on peut observer des rayons qui émanent de l’animal, à la manière d’une auréole. Baptisée « Buoc’h skedus » (« vache brillante » ou « taureau rayonnant »), elle interpelle les archéologues : « aucun équivalent d’animal « brillant » n’a pu être trouvé dans l’iconographie du paléolithique européen ».

     

    Les plus anciennes pierres gravées de Bretagne

     

    La transition du style magdalénien au style azilien remise en question

    « Les rayons ont été gravés après la tête de l’animal, et celui qui les a dessinés est repassé sur les cornes pour que l’auroch apparaisse bien au premier plan », a précisé au Monde Nicolas Naudinot, de l’université de Nice-Sophia-Antipolis, CNRS, et directeur de cette campagne de fouille commencée en 2013. Persuadés que ce genre de représentation n’est pas unique, les archéologues espèrent en exhumer beaucoup d’autres.

    Nombreuses sont les hypothèses quant à ces découvertes. Si les chercheurs se demandent s’il s’agit de pièces sacrées, si elles avaient un rapport avec la chasse ou comment elles étaient disposées, c’est bien le style de ces œuvres qui les interpelle le plus. En effet, bien que de culture azilienne, dont la caractéristique principale est l’exposition de figures géométriques, il semblerait que le style représenté ici est plutôt magdalénien, qui se traduit par un fort naturalisme avec un sens aigu du détail et des proportions, en rupture avec la culture précédente.

    S’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives de cette découverte, elle invite pourtant les chercheurs à considérer la tradition entre ces deux cultures comme étant plus graduelle qu’ils le supposaient.

     

    Les plus anciennes pierres gravées de Bretagne

     

    Autrefois, un site méconnaissable 

    Si les archéologues n’ont commencé à fouiller cette zone qu’en 2013, ce site archéologique avait pourtant attiré leur attention 30 ans auparavant, lorsqu’une tempête avait déraciné un pin maritime au pied de ce rocher de l’Impératrice, laissant apparaître pointes de flèches en silex et autres grattoirs.

    Dès le premier été 2013, plusieurs pièces dont le « taureau rayonnant » ont été exhumées. Mais supposant les richesses que renferme ce site, ce n’est que quatre ans plus tard que les chercheurs ont rendu leur découverte publique, par peur des pillages. D’ailleurs, ce site est actuellement protégé d’un grillage de trois mètres de haut, en attendant les fouilles de l’été prochain.

    Pour faire un saut dans le passé, ce site se trouvait en plein cœur d’une steppe, vaste étendue d’herbe quasiment dépourvue d’arbres, où galopaient aurochs, chevaux sauvages et bien d’autres animaux habitués au climat insoutenable qui sévissait il y a 14 000 ans, à la fin de l’âge glaciaire. Si aujourd’hui, l’endroit est situé à quelques centaines de mètres de la mer, le niveau de la mer était 90 mètres plus bas à l’époque. Pour la rejoindre, il fallait alors marcher 50 km vers l’ouest, jusqu’à l’actuelle île de Molène.

    Article paru dans Daily Geek Show

    (1) http://www.mairie-plougastel.fr/loisirs/sport/sites-remarquables/le-rocher-de-limperatrice 


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  • Dans les registres paroissiaux de cette époque il n’est pas rare de constater le rôle de la sage-femme.

    En effet, lors de l’accouchement d’une femme célibataire, celle-ci pouvait révéler à la sage-femme le nom de « l’auteur de son fruit », et cette révélation « dans la douleur » avait preuve de foi.

    Dans d’autres circonstances, la sage-femme avait  le pouvoir d’ondoyer le nouveau-né s’il y avait crainte qu’il ne puisse vivre jusqu’au baptême du curé (dans les 3 jours). Les enfants morts sans sacrement n’accédaient pas au paradis et ne reposaient pas en terre sainte. On en était à espérer un miracle qui, rendant un instant la vie au mort-né, permettrait de lui administrer rapidement le baptême. On invoquait ainsi Notre-Dame de Pontoise, près de Paris, Notre-Dame de Sion en Lorraine, Notre-Dame de Romay, près de Paray-le- Monial ...

    De temps à autre, sur ces mêmes registres, plus ou moins riches en faits divers selon les régions et le curé « journaliste » de l’époque, on peut trouver un acte relatant la réception d’une sage-femme au sein de la communauté. Lors du décès d’une accoucheuse, les femmes se réunissaient chez le curé qui désignait la remplaçante. Le curé en était responsable devant l’Evêque. Il est évident que ses premières qualités devaient être sa moralité et son instruction catholique.

     

    Cependant si certaines savaient signer on ne peut pas dire qu’elles étaient très instruites... Elles devaient prêter serment de :

    S’engager à aider les femmes à accoucher

    Faire appel au chirurgien en cas de nécessité

    De ne pas avoir recours à la superstition (grande période de chasse aux sorcières)

    De ne pas trahir de secrets de famille

    Et de ne pas administrer d’herbes ou autres produits provoquant un avortement.

     

    Elles devaient être elles-mêmes passées par les joies (ou douleurs), de l’enfantement, ce qui leur permettait de mieux suivre un accouchement. Mais il va de soi qu’à cette époque elles n’avaient aucune formation médicale. Dans les campagnes, elles faisaient ce qu’elles pouvaient en fonction des traditions transmises, et de l’étude de la nature. Lorsque l’on étudie les statistiques de l’époque, on constate un taux très élevé de femmes mortes en couches ou dans les jours qui suivent. Un adage de cette époque prétend « qu’une femme enceinte a toujours un pied dans la tombe ». Quant à la mort des nouveau-nés, ou le nombre de malformations, on ne s’étonne pas trop lorsque l’on connaît les habitudes de l’époque : remodeler la tête du nourrisson pour la faire bien ronde, emmailloter serré ou avec force, sectionnement du fil de la langue qui empêcherait l’enfant de téter, ...

    Elles étaient respectées par toute la communauté, recevant plus souvent un salaire en nature (nourriture) qu’en espèces (un texte de 1722 fixe le salaire à 22 sols). Nos aïeux avaient peu de liquidités. En Auvergne, les textes prouvent que les personnes recrutées étaient parmi les personnes en difficulté financière. Il en allait différemment dans les grandes villes, notamment à Paris où une école de sages-femmes existait dans la maternité de l’Hôtel Dieu.

    Fin 17ème siècle un édit royal tenta d’organiser la profession en ordonnant que « les futures sages-femmes se présentent devant la communauté la plus proche de leur domicile ».

    Au 18ème siècle, une femme, Marguerite-Angélique Le BOURSIER du COUDRAY, elle-même maîtresse sage-femme parisienne, créa en Auvergne des cours d’accouchement. A cette occasion les élèves pouvaient utiliser un mannequin représentant une femme enceinte, et sur lequel elles s’exerçaient par exemple à tourner un enfant mal positionné. Des conseils d’hygiène y furent prodigués.

    Cependant cette bonne idée se heurta à l’opposition des chirurgiens qui voyaient d’un mauvais œil cette tâche menaçant leur profession, exercée par des femmes de surcroît. Cependant on peut constater que des apprentis-chirurgiens assistaient aux cours d’obstétrique de la dame du COUDRAY preuve s’il en est de leur utilité.

    Madame du COUDRAY renouvela son expérience dans d’autres provinces, se heurtant aux mêmes difficultés. Seules les grandes villes en tirèrent profit.

    En parcourant les livres d’histoire on constate une fois de plus la régression de la place de la femme dans la société.

    En effet, sous la Gaule romaine, de nombreuses sages-femmes dont le rôle s’étendait au-delà de l’accouchement. Elles soignaient toutes les maladies des femmes. Elles devaient « avoir fait des études littéraires, avoir de l’intelligence et une mémoire fidèle, être studieuses, fortes, ne présenter aucune maladie, ne pas être colères ni dépensières ». On en trouve trace à Nîmes, Lyon et Metz.

    Le Moyen Age, âge d’or des femmes, les voit agir en grande indépendance. On voit des chirurgiennes, alchimistes, apothicaires, ou barbières, artisan, troubadour...

    En province, elles auront cette liberté en reprenant la suite de leur époux décédé.

    En ce qui concerne les sages-femmes, elles remplacent les hommes qui ne veulent s’abaisser à traiter des femmes en mal d’enfant. Dans les villes, il existe des écoles où la maîtresse sage-femme passe un examen devant deux chirurgiens-barbiers et prête serment.

    Au moment de la Révolution, les assemblées rédigeant leurs lettres de doléances réclameront des sages-femmes instruites.

    Mais il faudra encore attendre notre siècle pour que les risques lors d’un accouchement soient infimes.

    Mireille PAILLEUX

    Sources : Accoucher autrefois – Bibliothèque du Travail

    Les femmes et le travail du Moyen-Age à nos jours E. Charles-Roux – G. Ziegler – M. Cerati – J. Bruhat – M. Guilbert – C. Gilles -Edition de la Courtille

    Acte de baptême 26 juillet 1780 Lagny le sec (60)

    Nous soussignés a été présenté ce jourd’hui par Marie Louise Le Bœuf sage-femme de Silly un enfant femelle qu’elle nous a déclaré etre le fruit de Geneviève MARTY de notre paroisse laquelle a déclaré aussi que la ditte Geneviève Marty lui avait dit que son enfant provenait des oeuvres d’un nommé CHAPELLE de la paroisse de Rouvres en Multienne

    Recoin (Isère) 1666 

    Le 21ème décembre 1666 claudine monin et suzanne monin ont estés par les suffrages communs des femmes de ma parroisse choysies pour faire la fonction de sage fames lesquels ont entre mes mains par attouchement du livre des saints evangiles promis de s’acquitter fidellement de cette charge et de ne rien faire contre leur devoir et insy je l’atteste.

    Charreton, curé

    Article paru dans Les bonnes feuilles de la revue du Cercle de généalogie et d'histoire du Crédit Lyonnais


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  • « Une bougie.

    Et puis : une forêt de bougies, de tailles différentes, allumées, tremblotantes, frémissantes car dans la pièce il y a beaucoup de va-et-vient, on sent de l'angoisse dans l'air, des jupes de femme qui bruissent autour de leurs pas rapides, efficaces, des pas de paysannes silencieuses et pressées, aux lèvres serrées, comprimées, ce n'est pas seulement l'angoisse qu'on sent dans l'air, non, c'est la mort, une odeur de mort, et toutes les quelques minutes, les cris de celle qui chantaient si joliment déchirent l'air, les cris de la petite Marthe Durand qui n'arrive pas à accoucher, des cris à vous figer le sang, à vous glacer le sang, mais d'elle le sang n'est ni figé, ni glacé, d'elle le sang se déverse à flots, on l'a allongée sur une paillasse pour absorber ce liquide vermillon, à la lumière des bougies les femmes scrutent anxieusement le visage de la pauvre parturiente, elles savent qu'elle ne va pas y arriver, qu'elle ne s'en sortira pas la petite bergère à la voix argentine, elle n'a que 17 ans et elle est trop affaiblie déjà, ses amies ont peur parce que la matrone confirmée n'a pu venir, étant elle-même malade et alitée, et aucune d'elles ne se sent l'autorité de prononcer les mots de l'ondoiement in extremis, il va bientôt falloir aller réveiller Monsieur le curé…

    L'une des femmes s'affaire au-dessus d'un chaudron d'eau bouillante, suspendu à la crémaillère de la cheminée, une autre tiédit à la chaleur des flammes le linge qui recevra l'enfant mais la parturiente se débat encore, lutte en hurlant de toutes ses forces contre les mains sans douceur, les mains malpropres de paysannes qui la retiennent, la restreignent-elle s'arc-boute mais les autres la plaquent sur la paillasse, il faut en finir, elles ont peur, en se détournant elles se signent, et puis, furtivement, se couvrant la bouche, murmurent des mots connus d'elles seules, des mots sans le moindre rapport avec la Vierge Marie ni avec son Fils l'Enfant Jésus, mais elles savent que, quels que soient les mots, les suppliques, les prières qu'elles pourraient prononcer, il est désormais top tard. Raymonde, la meilleure amie de Marthe lui tient la tête sur ses genoux, avec un linge, elle lui caresse le visage, éponge les rigoles de sueur sur son front et dans son cou, lui parle bas tout en la caressant, lui disant Marthe, ne t'inquiète pas, tu t'en sortiras, on est là avec toi, on a toutes connu la même chose, on s'en sort, calme toi ma chère, calme toi ma bonne amie, et pendant ce temps les autres amies s'affairent, prient et désespèrent.

    Enfin les cris de Marthe commencent à s'espacer et deviennent comme
    des soupirs, presque des soupirs de bonheur, oui c'est presque comme si elle fredonnait de contentement dans son sommeil - on reconnaît à nouveau, en très atténué, ma voix si pure, si mélodieuse de la jeune fille - et Raymonde, tout en tenant la tête de son amie et en lui caressant le front, sent que ces soupirs prennent fin à l'exact instant où les muscles du cou se relâchent et où le poids de la tête de Marthe s'abandonne sur ses genoux.

    Silence. C'est le moment. Il faut agir vite. A la dérobée, les femmes regardent la plus âgée d'entre elles: le geste lui appartient.

    Et puis, oui : d'un hochement de tête, la vieille signifie à Cécile la petite sœur de Marthe de prendre ses jambes à son cou, d'aller jusqu'à Torchay chercher le père Thomas, et la petite, terrorisée, déguerpit sans même penser à prendre sa cape, malgré l'humidité glaciale et pénétrante de la nuit de novembre.

    Cécile partie, la vieille femme s'installe près du ventre dénudé de la morte. La pointe du couteau effilé se glisse sous le sternum et entame sa descente, c'est tellement tendre la chair humaine, plus tendre encore que la chair d'un cochon quand on l'ouvre, lui aussi, de la poitrine jusqu'à l'aine, c'est le même geste, mais combien plus facile ici, la chair de Marthe se livre comme la plus raffinée des viandes cuite à point et servie rutilante sur la table du Roi Soleil, la descente du couteau est donc rapide, les lèvres de chair s'écartent et le sang ruisselle ; les amies de Marthe suivent l'opération, partagées entre la fascination et l'effroi.

    Brusquement la porte de la masure se rouvre, laissant s'engouffrer le vent, le curé mal réveillé et la petite Cécile, hors d'elle, pantelante.

    Il n'est pas en soutane, bien entendu, le bon père Thomas et il est de mauvaise humeur parce qu'on l'a arraché à un rêve des plus sensuels, il n'a eu le temps que de chausser ses lunettes et ses bottes et d'attraper au passage un flacon d'eau bénite, c'est les yeux encore tournés vers l'intérieur, [... je m'autocensure...., de peur de choquer des esprits...] qu'il ondoie maintenant, distraitement, le fœtus que la vieille retire des entrailles du cadavre - In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti - lorsque, soudain et presque à l'unisson, les femmes poussent une exclamation Il ne s'agit pas d'un enfant, non : Il s'agit de deux enfants ! Deux embrassés, enlacés, les membres affectueusement mêlés en une étreinte serrée, voilà pourquoi il était impossible à leur mère de les expulser par les voies naturelles, voilà pourquoi la petite bergère est morte.

    Lorsqu'on parvient tout doucement à les séparer, à faire se relâcher la prise des membres les uns autour des autres, en soulevant les minuscules doigts gluants, en tirant sur les menus bras et jambes, et à sectionner les deux cordons tressés ensemble, on constate que les jumeaux sont garçon et fille. C'est la fille qui porte sur sa tête - les femmes font des petits bruits d'approbation en la nettoyant, la caressant- la précieuse membrane, la coiffe : un signe du Ciel, elle aura longue vie, belle vie, vie de chance.

    On choisit les noms - de façon expéditive, afin que le curé puisse aller se recoucher, il inscrira tout cela demain dans le registre paroissial - elle, ce sera Barbe, et lui, Barnabé. Voilà, c'est fait. »


    Cette histoire d'une naissance gémellaire, ce pourrait être celle d'une de nos grands-mères.
    Tout le livre est ainsi émouvant !!!

    Extrait de « Instruments des ténèbres. » de Nancy Huston


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