• Divertissement avec une lettre

    Je vous propose un petit divertissement littéraire. Il s'agit, de la transcription, d'une lettre écrite en 1709. L'auteur maîtrise la langue, c'est le moins que l'on puisse dire.

    Source AD56 sénéchaussée de Ploërmel série B4191 P1040109 P1040110

    Transcription Brigitte SALGUES le 24 août 2013

     

    La Bretagne

    A Monseigneur

    De Brilhac premier president

    Du parlement de Rennes

    A Rennes  MDCCIX (1709)

     

    1 Illustre president qu’un merite sublime

    2 Chaque jour à mes yeux rend plus digne d’estime

    3 Et qui dans le haut rang que tu tiens à ma cour

    4 Fais naitre egalement le respect et l’amour

    5 BRILHAC je ne viens point en déesse scavante

    6 Te rappeller d’ayeux une suitte éclatante

    7 Et par un juste augure à la posterité

    8 Ne promettre rien moins que l’immortalité

    9 Assez d’autres flattés du desir de te plaire

    10 Sur un si beau suiet auront peine à se taire

    11 Assez d’autres pouront dans leurs pompeux discours

    12 Prier en ta faveur la mere des amours

    13 Mais moy qu’à te loüer un autre esprit anime

    14 Sans chercher le secours d’une coquette rime

    15 Et sans mêler la fable aux rares vérités

    16 Qu’on publie en loüant tes belles qualités

    17 Je vieins, le croira-on, de tes vertus charmée

    18 Moy meme en ma faveur servir la renommée

    19 Et rendre avec éclat milles graces aux Dieux

    20 De nous voir tous deux joins par de si puissants nœuds.

    21 Tu sais grand magistrat si cette soyë est forte,

    22 Tu vis paroistre assez l’amour que je te porte

    23 Quand le ciel secondant les plus ardant souhaits

    24 Voulut par ton moyen rendre heureux mes suiers

    25 Juge si cette joyë a present est extreme

    26 Lorsque par ton hymen tu prend dans mon sein même

    27 Une jeune beauté que mille appas charmants

    28 Devoient au dessus du commun des amants

    29 Et dont le sang fameux par sa haute  naissance

    30 Donne autant qu'il reçoit à ta noble alliance.

    31 C’est icy qu’avec force un nouvel Appollon

    32 Feroit oüir sa voix dans le sacré vallon

    33 C’est ici que marchant sur les pas d’un Ovide

    34 Il peindroit à nos yeux d’un pinceau peu timide,

    35 Ce prevenant abord, cet air maiestueux

    36 Cette aymable douceur, cet esprit vertueux ;

    37 Enfin tous ces appas dont le moins estimable,

    38 Pouroit du moindre obiet, faire un obiet aimable.

    39 Mais pour moy sans entrer dans un detail trop long

    40 D’un merite si rare, et si profond,

    41 Souffre, GRAND MAGISTRAT que comme tendre mere

    42 J’adresse seulment au ciel cette priere.

    43 Toy qui vois la vertu du Ier de mes fils,

    45 Ne laisse pas, O ciel, sa justice sans prix.

    46 Tout genit icy bas le jour qui l’a veu naistre

    47 Mes suiets sont ravis d’avoir un si bon maistre,

    48 De ma felicité mes voisins sont jaloux

    49 Fais moy joüir longtemps d’un agrement si doux,

    50 D’un bonheur éternel comble cette hymence

    51 Et fais que pour finir cette nouvelle anné

    52 Je puisse voir enfin d’un couple si charmant,

    53 Sortir un heritier digne d’un si beau sang.

     

    Presenté à Monseigneur le premier president, par son

    tres humble et tres obeissant serviteur

    ANNEIX DE SOUVENEL

     
    Pourquoi écrire la Bretagne en premier ? Le destinataire est Mr de BRILHAC président du parlement de Bretagne en 1709.

    Quelques renseignements sur le personnage en question !!!

    Pierre de Brilhac, seigneur de Nouzières et vicomte de Gencay, est un magistrat français, né à Paris le 26 janvier 1667, mort également à Paris le 31 janvier 1734, premier président du Parlement de Bretagne du 2 mars 1703 jusqu'à sa mort.

    Fils de Messire Nicolas de Brilhac, seigneur de Nouzières, conseiller au Parlement de Paris, et de dame Catherine Jeanne Auzanet

    Le 17 novembre 1693, il épouse, à Paris, Marie-Anne de Choüet de Genvreau, fille d'un Conseiller.

    En 1708, il épouse en secondes noces une Rennaise, fille d'un conseiller, Pélagie-Constance de Lys.

    De son premier mariage naîtra une fille, qui épousera le Conseiller de Robien et de son second mariage il aura un fils qui deviendra lui-même conseiller au Parlement.

    Une rue de Brilhac fut dénommée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 12 décembre 1726

     


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