• La mutation des salons généalogiques
     

    Nous ne nous en rendons pas forcément compte, mais depuis plusieurs années les salons généalogiques ont évolué. Dans la forme, dans les acteurs, dans le contenu, les événements généalogiques ont largement muté en deux décennies.

    Le récent salon national du Havre nous dévoile probablement les prémices d’un vaste mouvement à venir. Vous n’avez pas perçu ces évolutions ? Alors lisez ceci…

    Pendant les années 90, les quelques rencontres généalogiques étaient quasi exclusivement animées par les associations. Les stands étaient tous bien garnis de nombreux relevés, concrétisation ultime de l’énorme travail de dépouillement réalisé. Le dynamisme d’une association était jugé sur le nombre de relevés disponibles. Certains de ces ouvrages étaient déjà en vente permettant de générer quelques subsides.
    Les salons présentaient les premiers arbres généalogiques grands formats édités avec les premiers traceurs. Souvent, il s’agissait des propres recherches des adhérents.

    Dans les années 2000 : les ordinateurs faisaient leur apparition pour les associations les plus en pointes, détrônant déjà les relevés papiers. Les revues et publications internes étaient plus facilement mises en évidence pour attirer le « chaland ».

    Les arbres exposés ne présentaient plus seulement les recherches des adhérents, mais les généalogies de quelques enfants de pays devenus célébrités nationales.

    Dix ans plus tard, quelques associations commencent à s’équiper d’écrans secondaires pour partager plus facilement l’informatique avec les visiteurs. Les relevés papiers ont quasiment tous disparus.

    Pour continuer à financer leurs dépenses de fonctionnement, de nombreuses associations vendent des supports vierges de généalogie (de leur création ou en simple négoce), leurs revues ou leurs guides thématiques.

    Peu à peu, les salons s’ouvrent à d’autres disciplines au-delà de la stricte généalogie : des sociétés d’histoire ou des associations de sauvegarde du patrimoine font déjà leur apparition.
    Les organisateurs essayent de dynamiser la partie exposition avec des arbres plus grands, en couleurs. Des expositions présentent quelques spécificités de l’histoire locale (l’histoire d’un personnage local, d’un village, d’un bâtiment emblématique…).
    Les conférences se multiplient donnant plus de contenu aux salons.

    Ces dernières années les associations non équipés d’ordinateurs munis de leurs bases de données sont peu nombreuses. Certains stands associatifs ont largement perfectionné leur merchandising avec la création de produits dérivés à leur effigie.
    Les exposants sont aussi plus diversifiés : généalogistes professionnels, sociétés commerciales, librairies, artisans en lien avec l’histoire et le travail d’art (enlumineur, relieur, calligraphe..), Archives départementales…

    Rares sont les salons sans conférences, et pour diversifier les animations, de nombreux organisateurs développent en parallèle des ateliers, en petits groupes : initiation à la généalogie, présentation d’un logiciel ou d’une base de données…

    Depuis ces trente dernières années, les exposants et le contenu des salons ont donc changé. La communication et les supports de PLV (publicité sur lieu de vente) se sont largement améliorés : des flyers stylés remplacent de vilaines photocopies, des roll’up et bannières détrônent les affiches A3 défraichies. Certaines associations rivalisent même de nouveautés pour moderniser leur communication (flamme publicitaire, vidéo projecteur avec film en boucle…).

    A contrario, la physionomie des stands a peu évolué : une succession de tables, formant une barrière entre le public et les bénévoles des associations. Dans certains cas (et les exemples ne manquent pas) un mur d’écrans d’ordinateurs coupent net toute convivialité : les bénévoles ne sont presque pas visibles derrière leur écran. Mais tout cela est en train de changer !

    Les sociétés commerciales ont déjà ouvert une nouvelle voie. Filae avec ses nouveaux modules « debout » a été la première, en 2016, à bousculer l’ergonomie des stands des salons généalogiques. Les écrans sont en libre utilisation sur des tables hautes, permettant à chacun de fouiller gratuitement dans les bases. Les collaborateurs de Filae naviguent entre les postes pour accompagner et présenter les services aux visiteurs. Lors du salon national de la Généalogie au Havre, un échelon supplémentaire était encore atteint avec un atelier ouvert, équipé de sièges accessibles à tous et animé par un salarié de Filae muni d’un écran et d’une sonorisation. Différents thèmes pratiques ont été proposés tout au long de la journée, pour en faire une « attraction » permanente.

    Fantaisie ultime : une « machine à remonter le temps » était aussi à disposition pour vous photographier dans un décor à l’époque de votre choix. Un divertissement testé au Salon de Poitiers en 2015 et dont le succès ne se dément pas !

    Family Search s’est aussi démarqué au Havre : des plots informatiques pour des consultations en libre-service, un stand totalement ouvert pour une grande convivialité, et un coin indexation pour les plus motivés.

    En France, ce type de stands constitue une nouveauté sur les salons généalogiques, mais ils existent depuis forts longtemps déjà au Etats-Unis (Roots Tech) ou au Royaume Uni (Who Do You Think You Are ?). Notre pays rattrape juste un peu son « retard » en la matière.

    Certes, ces équipements ne sont pas financièrement accessibles à tous, et certainement pas aux associations, pour autant, ils constituent, assurément, la physionomie des salons généalogiques du futur : des lieux de convivialité, où les nouvelles technologies s’exhibent sans complexe, où le contact entre exposants et visiteurs est plus facile, où les activités sont moins cloisonnées, où les chalands testent les services par eux même. Nul doute que d’autres acteurs majeurs de la généalogie (Généanet, Hérédis, Généatique, Famicity…) prendront, tôt ou tard, le même cap merchandising !

    La prochaine édition de Géné@2018 centrée sur les nouvelles technologies, ainsi que le projet de l’association GénéaTech de créer un RootsTech à la Française, sont déjà les signes d’une évolution inéluctable des grands rendez-vous nationaux de généalogie.

    Alain ROUAULT Co fondateur de GénéAgenda


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