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Par atao feal le 10 Octobre 2016 à 13:53
Où l’on découvre qu’il faut savoir pardonner à son cousin.
Château de Versailles, 1674. Un homme gravit péniblement les marches d’un superbe escalier. Il est attendu par le roi Louis XIV en personne !
Les courtisans s’agglutinent autour du souverain pour contempler ce mystérieux personnage…
Jean-Léon Gérôme, Réception du Grand Condé par Louis XIV à Versailles en 1674, 1878, huile sur toile, 96 x 139 cm, Musée d’Orsay, Paris © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Il s’agit du Grand Condé, le cousin du roi. C’est l’une des plus importantes figures de l’époque, un héros militaire respecté et admiré de tous, à commencer par le roi.
Pourtant, il y a une quinzaine d’années le Grand Condé n’était pas le bienvenu à la cour. Il y a de quoi : il a trahi son cousin lors de la Fronde, cette révolte de la noblesse contre le pouvoir royal.Mais les choses ont bien changé. Le Grand Condé vient tout juste de remporter une importante bataille pour Louis XIV ! Voici le moment qui immortalise son retour en grâce.
Juste d’Egmont, Portrait de Louis II de Bourbon, dit le Grand Condé, en habit, vers 1653, huile sur toile, 160 x 134 cm, Musée Condé, Chantilly © RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojéda
Deux cents ans plus tard, le peintre Gérôme décide de rendre justice à ce personnage oublié par l’Histoire.
Pour rendre la scène aussi crédible que possible, il se lance dans de minutieuses recherches documentaires.
Jean-Léon Gérôme, Réception du Grand Condé par Louis XIV à Versailles en 1674, 1878, huile sur toile, 96 x 139 cm, Musée d’Orsay, Paris. Détail de l'œuvre © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Pour les visages des célébrités de la cour, Gérôme reproduit fidèlement leurs traits d’après des portraits du XVIIe siècle...
Il fait également poser des modèles en costume d’époque. Pour le jeune dauphin, le fils aîné du roi, c’est même la fille du peintre qui prend la pose !
À gauche : Détail de l'œuvre, Bossuet avec le dauphin © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski. À droite : Hyacinthe Rigaud, Jacques-Bénigne Bossuet, 1702, huile sur toile, 2,40 x 1,65 m, Musée du Louvre, Paris
L’artiste représente aussi des couronnes de lauriers jonchant les marches. Elles font référence à un échange supposé entre le roi et son cousin.
Au Grand Condé qui, affligé de terribles douleurs articulaires, le priait de l’excuser de sa lenteur, Louis XIV aurait répondu : "Mon cousin, ne vous hâtez pas, lorsqu’on est chargé comme vous l’êtes de tant de lauriers, on ne peut marcher vite !"
Détail de l’œuvre © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Le tableau de Gérôme, exceptionnellement prêté par le musée d’Orsay, est présenté au Domaine de Chantilly où se tient la première exposition dédiée à la figure du Grand Condé.
Car Chantilly et le Grand Condé, c’est une histoire qui dure ! Il y organise des fêtes somptueuses et confie à André Le Nôtre le soin d’y réaliser de superbes jardins.
L’exposition propose un regroupement d’œuvres rares retraçant la vie de ce remarquable homme de guerre et mécène, collectionneur de tableaux et protecteur de Molière.Découvrir l'exposition 'Le Grand Condé. Le rival du Roi-Soleil ?'
Découvrir l'exposition en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=P7FQezYJHQY
Article paru dans Artips
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