• La paroisse Saint-Louis de Lorient souffle ses 300 cierges

    Curé de Lorient de 1895 à 1908, Adolphe Duparc est ici photographié au milieu de ses vicaires. Il sera promu évêque de Quimper et deviendra l'une des très grandes figures religieuses de la Bretagne dans l'entre-deux-guerres. 

    Le 18 février 1709, Monseigneur d'Argouges, évêque de Vannes, érigeait « la dite église de l'Orient en église paroissiale ». L'abbé Maurey en est aujourd'hui le 24e curé.

    La paroisse Saint-Louis est née du développement des chantiers de la Compagnie des Indes orientales. Le lieu d'Orient faisait alors partie de Ploemeur. En 1702, les notables demandent qu'il soit érigé en paroisse autonome. Ils se heurtent à la vive opposition du curé de Poemeur. Sept ans plus tard, Monseigneur d'Argouges, évêque de Vannes, tranche : « Ordonnons que la dite église, par nous érigée en paroisse, jouira de tous les droits, prérogatives et privilèges attribués à toutes les autres églises paroissiales de notre diocèse. »

    Le premier recteur sera l'abbé Jacques Le Livec. Cet Alréen « jouit d'environ mille livres de rente de son patrimoine. Laquelle rente il donne tout aux pauvres. » Mais sa rente n'y suffit plus. Sa démission, en juin 1712, attire l'attention sur le dénuement de la nouvelle paroisse, à qui le Roi attribue les revenus de l'abbaye de Saint-Pierre de Rillé à Fougères. Évalués à 4 500 livres, ils permettent à l'abbé Jean Vincent d'entretenir trois vicaires.

    François Cohalan est recteur depuis 26 ans quand une escadre anglaise débarque en 1746. La ville s'est placée sous la protection de la Vierge. Quand elle s'apprête à capituler, les Anglais lèvent le camp ! Cette « grande victoire » est toujours commémorée, chaque premier dimanche d'octobre.

    Deux autres événements marquent le siècle. L'abbé Giraud entreprend d'agrandir l'église, qui est totalement remaniée. Le 30 juin 1768, le vicomte de Barrin scelle la première pierre, avec une plaque de dédicace aux armes de Louis XV (On l'a retrouvée en 1946). Sous la Révolution, l'abbé Brossière et ses vicaires font acte d'allégeance à la Constitution civile du clergé. Sommés de se rétracter, ils refusent. Ils seront quand même emprisonnés à Paris comme ennemis de la Nation, en 1794. La chute de Robespierre les sauve. A la mort de Brossière, un de ses vicaires schismatiques lui succède : l'abbé Gauthier. Grâce au Concordat, il est réintégré dans l'Église de Rome en 1802.

    L'église Saint-Louis, même agrandie, reste trop petite. La construction d'une nouvelle église démarre en 1786. Les travaux s'achèveront... en 1821 !

    Curés contre laïcards au XIXe siècle

    Au XIXe siècle, le grand combat des curés de Lorient se fera contre les « laïcards » de la Troisième République. L'abbé Charil va mener la résistance face aux « sans-Dieu ». Dès 1849, il avait fait venir les frères des Écoles chrétiennes pour instruire les enfants du peuple.

    Les Républicains vont laïciser les écoles primaires en 1878, puis lutter contre les congrégations. Quand le chanoine Charil meurt en 1881, ses successeurs, Joseph Guennégo et Adolphe Duparc, continuent la lutte.

    Puisque les frères ont été expulsés, le curé Guennégo mobilise les catholiques pour leur construire une nouvelle école. Le paroxysme des tensions entre maires et curés de Lorient est atteint avec la loi de séparation de l'Église et de l'État. Adolphe Duparc est un curé de choc. Il se bat en 1906 contre Louis Nail, qui fait dresser l'inventaire des biens de la paroisse.

    On a beaucoup oublié ces luttes très violentes. Aujourd'hui, les esprits sont apaisés. La destruction de la Ville, la reconstruction, les bonnes relations avec la municipalité font du tricentenaire une occasion pour les Lorientais de renouer avec leur Histoire.

    (Ouest-France documentation réunie par Patrick Bollet).


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