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Par atao feal le 23 Avril 2015 à 17:45
Dessin représentant Hélène Jégado vers 1851
Hélène Jégado née à Plouhinec (Morbihan) en 1803 et décédée à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 26 février 1852 est une empoisonneuse.
Biographie
Née en 1803, la jeune Hélène, enfant choyée élevée dans une petite ferme d'une famille de cultivateurs pauvres, est nourrie des légendes de la Basse-Bretagne. Elle est notamment traumatisée par le personnage de l'Ankou, dont elle va devenir l'incarnation pour surmonter ses angoisses. En 1810, après la mort de sa mère (qui, selon le romancier Jean Teulé, serait sa première victime, empoisonnée avec des graines de belladone versées dans sa soupe), elle est envoyée chez une tante qui travaille comme domestique dans un presbytère de Bubry, et devient elle-même domestique. Par la suite, dans différentes villes – Séglien, Auray, Bubry, Hennebont, Locminé, Lorient, Pontivy et enfin Rennes – , elle sera notamment cuisinière, un emploi idéal pour empoisonner à l'arsenic les plats de ses victimes : des clients d'un bordel militaire de Port-Louis, où elle se prostitue, des maîtresses de maison, des prêtres, des religieuses, jusqu'à des enfants. Sa série de crimes s'arrêtera à Rennes, après les meurtres de deux gouvernantes successives et d'une servante de son employeur l'avocat, professeur de droit et expert en affaires criminelles Théophile Bidard de la Noë, lequel, soupçonneux, se décide finalement à enquêter sur son parcours.
L'exécution d'Hélène Jégado sur le Champ de Mars à Rennes met fin à une carrière criminelle de dix-huit ans, facilitée par le fait qu'à cette époque la région était touchée par des épidémies de choléra dont les symptômes sont proches de ceux de l'empoisonnement à l'arsenic, qu'Hélène Jégado ne vole pas ses victimes et que les familles refusent les autopsies des corps de leurs parents. Le nombre de ses victimes est impossible à déterminer avec précision (probablement 36), car la plupart de ses forfaits ayant été commis plus de dix ans avant son procès, ils ne pouvaient plus être jugés du fait de la prescription légale de dix ans en vigueur à l'époque, aussi son procès écartera-t-il 21 empoisonnements et 5 tentatives d'empoisonnement. Jean Teulé la considère comme la plus grande tueuse en séris du monde. Son habitude de conserver des fétiches de chacun d'entre eux permet aujourd'hui d'estimer qu'elle a tué environ soixante personnes, y compris des enfants, notamment la petite Marie Bréger au château de Soye (à Plœmeur) en mai 1841, dix ans et un mois avant son arrestation, ainsi que deux tantes et son père.
Son acte d'accusation comporte cinq empoisonnements et cinq tentatives d'empoisonnement, ainsi que onze comptes de vol domestique. Le procès s'ouvre devant la Cour d'Assises d'Ille-et-Vilaine le 6 décembre 1851 et se termine par la condamnation à mort le 14 décembre après une heure quinze de délibération. Le discours final de Me Magloire Dorange, jeune avocat de 24 ans chargé de la défense et qui plaide la folie, est un plaidoyer contre la peine de mort. Femme pieuse, elle avoue ses meurtres en prison lors d'une confession donnée à l'abbé Tiercelin la veille de son exécution, révélations qu'elle autorise à rendre publiques après son décès mais se révélant peu fiables car elles excluent certains crimes et en ajoutent certains autres.
Les circonstances politiques après le coup d'État de Napoléon III le 2 décembre, ont fait que le cas a reçu peu d'attention dans les journaux au niveau national. À noter que le député Jean-Baptiste Baudin, médecin spécialisé dans les maladies de l'estomac, était cité à comparaître pour la défense, mais a trouvé la mort sur les barricades du faubourg Saint-Antoine le 3 décembre. Hélène Jégado est guillotinée en 1852.
La culpabilité d'Hélène Jégado n'a jamais été mise en cause. Par contre, plusieurs mobiles ont été proposés sans vraiment convaincre, aucune explication raisonnable n'ayant pu être donnée à son action.
Sa méthode était simple : cuisinière dans les presbytères et les maisons bourgeoises, elle ajoutait de la « poudre blanche » dans la soupe ou les gâteaux qu'elle préparait, autrement dit del'arsenic, sous la forme de « mort-aux-rats ».
Postérité
« La Jégado » est le sujet d'une feuille volante en français (Complainte d'Épinal) et d'une complainte en langue bretonne de Jafferedo imprimée à Hennebont (1900). Elle devient une espèce de croque-mitaine, personnage maléfique auquel on faisait appel pour forcer les enfants à boire leur soupe, les menaçant de l'appeler s'ils ne la mangeaient pas.
Un épisode de la série En votre âme et conscience est consacré au cas d'Hélène Jégado en janvier 1967.
En 2006, le réalisateur français Pierre Mathiote met en scène, pour France 3, un docufiction intitulé La Jégado, avec Taïra Borée dans le rôle-titre.
Le Musée de bretagne de Rennes contient le masque mortuaire d'Hélène Jégado dont on avait recherché la « bosse du crime » lors de l'autopsie par la Faculté de médecine.
En Bretagne aujourd'hui, plusieurs pâtisseries proposent à leurs clients des « gâteaux d'Hélène Jégado », recette identique (angélique pour masquer la couleur verte que prenait le gâteau arsénié à la cuisson, amandes pour masquer le goût amer de l'arsenic) mais garantie sans arsenic. La recette a été signalée sous le nom de Gâteau breton d'Hélène Jégado par Simone Morand dans son livre Gastronomie bretonne d'hier et d'aujourd'hui en 1965.
En 2013, le romancier français Jean Teulé, écrivit une biographie romancée de la vie d'Hélène Jégado, Fleur de tonnerre, dont l'adaptation au cinéma sera réalisée fin 2014 par Stéphanie Pillonca-Kerven.
Article tiré de Wikipédia
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