• Sur une liste de discussions du Morbihan, ce sujet a été abordé.

    Je ne connaissais pas et je pense ne pas être le seul !!!

     

     

    A Vendeuil, il n'y a pas de sots métiers, mais il y en a eu de biens étonnants ? Qui sait aujourd'hui qu'il existait à Vendeuil il y a 200 ans, une cinquantaine de nourrices dont les enfants leur étaient amenés par des "meneurs" d'enfants trouvés, ils allaient les chercher à Paris, un voyage tous les quinze jours avec une mortalité décimante (cinquante nourrices sur trois cent treize feux). d'après Ed Gariga - société académique Saint-Quentin (Aisne)

     

    Le vingt deux avril mil sept cens cinquante six a été baptisé par moy soussigné un garçon a qui a été donné le nom Michel par les parrain et mareine soussignés né du même jour dont le père et la mère nous sont inconnus, la mère étant venü et s'étant réfugiée chez Toussain Chastelain meneur des enfants trouvés de Paris, et ou étant accouchée elle n'a pas voulu dire son nom ni d'ou elle était...

    Philippe Chatelain, père de Toussaint Chatelain, était vigneron à Vendeuil, un des cinquante sept vignerons relevés sur les registres de 1746-1747. Quarante ans plus tard, la profession avait disparu. Mais dans le même temps une nouvelle était née, celle de "nourtier" ou nourricier d'enfants. L'appoint de ressources était attrayant pour de nombreux ménages. Il s'agissait essentiellement de nourrir des enfants légitimes que des bourgeois ou des artisans ne pouvaient ou ne voulaient pas élever eux-mêmes. A Vendeuil, un seul nourtier était cité en 1746, Toussaint Chatelain, mais on trouve vingt noms différents en 1787-1788.

    D'abord nourtier, Toussaint Chatelain devint meneur des enfants trouvés de Paris vers 1750, activité qu'il exerça jusqu'en 1764-1765. Il fut alors momentanément remplacé par Jean Gobert, voiturier de son état. Puis, en 1766, son neveu Jean Grenier, laboureur et vigneron, prit la relève et donna à la profession une place importante dans la paroisse. Le nombre annuel de décès d'enfants trouvés passa brusquement d'une quinzaine à cinquante voire plus de soixante.

    Dans cette circonscription, c'est Vendeuil qui regroupait le plus grand nombre de nourrices : 51 dénombrées entre 1782 et 1792 sur les actes de décès. Dans un environnement tout proche, Remigny, Ly-Fontaine et Moy n'en comptaient que quelques-unes, et encore de manière très épisodique. Sans doute notre meneur trouvait-il chez lui, et peut-être à l'étape, suffisamment de couples démunis pour ne pas devoir chercher ailleurs.

    Les règlements de l'hôpital de Paris prévoyaient d'allouer au meneur le vingtième, soit le sol pour livre, de toutes les sommes versées aux nourrices. Sur le premier mois, il percevait environ le cinquième. Lorsqu'il apportait ls "vêtures" après le décès d'un enfant : cinq sous. Lorsqu'il ramenait l'enfant après le sevrage : trois livres. Et d'autres gratifications exceptionnelles.

    Quoi qu'il en soit, de 1783 à 1788 près de dix mille enfants de l'hôpital de Paris ont gagné la province dans des conditions tout à fait désastreuses.

    Selon le médecin Buchau, on les entasse dans des charrettes à peine couvertes où ils sont en si grand nombre que les malheureuses nourrices sont obligées de les suivre à pied. Exposés au froid, au chaud, au vent et à la pluie, ils ne sucent qu'un lait échauffé par la fatigue et l'abstinence de leur nourrice. Les enfants les plus fragiles ne résistent pas à un tel traitement (...)

    (...) il faudra attendre 1773 pour que la police ordonne aux meneurs et autres transporteurs d'enfants de se servir de voitures dont le fond soit en planches suffisamment garnies de paille neuve, de couvrir leurs voitures avec une bonne toile, et d'exiger que les nourrices soient avec eux dans la voiture pour veiller à ce qu'aucun ne tombe.

    A la fin du XVIIème siècle, dans les zones rurales, 1 à 2% des naissances étaient illégitimes, alors qu'à Paris et dans les grands centres on pouvait en dénombrer 17 à 20%. Pour la période qui s'étend de 1778 à 1792, un pointage des enfants naturels baptisés a donné 2,24% à Moy et 3,24% à Vendeuil. La différence entre ces deux paroisses voisines s'explique aisésment par la possibilité d'utiliser les services du "meneur" pour faire disparaître les fruits de liaisons illégitimes ou des enfants qu'on ne pouvait nourrir soi-même.

    Normalement - c'est-à-dire lorsqu'on en avait les moyens - on allaitait les enfants jusqu'à deux ans et plus. Et, quoi qu'en pensent les hygiénistes et pédiatres d'aujourd'hui, c'était sans doute raisonnable dans une société où tant d'enfants mouraient de diarrhées parce qu'on savait mal les nourrir artificiellement et que les eaux étaient polluées.

    Le chef de famille a la liberté de dispenser de tirer à la milice celui de ses propres enfants, frères ou neveux vivants dans sa maison ou à sa charge, qu'il voudra faire représenter par ledit enfant trouvé... L'exemption a lieu pour autant de ses propres enfants, frères ou neveux, qu'il aura d'enfants trouvés à présenter.

    Entre 1767 et 1789, Vendeuil a vu naître 1003 bébés, mais dans le même temps les inhumations se sont élevées à 1851 personnes, dont 921 enfants trouvés de Paris, soit une moyenne annuelle de 40 décès d'enfants trouvés.

     

    Pour compléter l'information, vous pouvez cliquer sur le lien :

    http://www.histoireaisne.fr/memoires_numerises/chapitres/tome_36/Tome_036_page_103.pdf


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