• Ils apprennent à lire les écritures anciennes

    Ils apprennent à lire les écritures anciennes

     À gauche, Christophe Letellier, qui enseigne la discipline. À droite, Jean-Pierre Bréard, participant assidu aux cours de paléographie.

     

    Les Archives départementales proposent, chaque année, des cours de paléographie. Débutants ou initiés, les participants sont tous passionnés.

    17h15. Dix-sept personnes sont assises dans une salle des Archives départementales. Devant elles, des feuilles, des cahiers, quelques crayons. Ici on discute discrètement, là, on rit doucement. L'ambiance est amicale et feutrée. « Sous l'Ancien Régime », commence Christophe Letellier... C'est parti pour presque deux heures de paléographie. La paléographie, comme ce nom aux racines grecques l'indique, c'est l'étude des écritures anciennes. Une histoire de passion pour les élèves adultes de ce soir.

    « Comme une enquête »

    « Les premières fois, je ne savais même pas dans quel sens tenir ma feuille », se souvient Dominique Roustain. Cet habitant de Courgeoût est venu à la paléo à partir de la généalogie. Comme l'Argentanais Jean-Pierre Bréard et beaucoup d'autres. À force de remonter le temps, ces chercheurs d'ancêtres finissent par tomber sur des documents manuscrits totalement hermétiques. Il leur faut alors apprendre pour poursuivre. « Quand j'ai commencé, il y a dix ans, je ne comprenais rien », reconnaît Jean-Pierre.

    « La généalogie ou la paléographie, c'est un peu comme une enquête, s'enthousiasme Dominique. On peut être bloqué, emmené sur une fausse piste, puis on finit par trouver et on redémarre. En fait, ce n'est jamais fini. » Ce mercredi, le cours pour initiés est donné par Christophe Letellier. L'homme triture ce matériau depuis plus de trente ans. Il projette une phrase sur écran et la décrypte avec une facilité déconcertante. Au-dessus des lunettes, les yeux s'arrondissent, les sourcils deviennent circonflexes.

    Dans la rue, une moto vrombit, au bout du couloir, une porte claque, un téléphone sonne. Mais rien n'altère la concentration du petit groupe. « Voilà ce qu'il faut savoir sur le système de numération antérieur à la Révolution française », conclut Christophe Letellier. Un chapitre qui permet d'apprendre, par exemple, que l'hôpital des Quinze-Vingts porte ce nom car il abritait trois cents lits, quinze fois vingt... « Étonnant, non ? » aurait dit Monsieur Cyclopède.

    La séance se poursuit avec une collation. Un goûter ? Pas du tout, une copie authentique d'un texte. On y parle d'un certain Daniel de Meurdrac, escuyer, seigneur de Damigny. On est en 1630. « Ce sont les initiés qui se penchent sur les écrits des XVIème et XVIIème siècles, explique Matthieu Le Goïc qui, lui, s'occupe des débutants. « Le plus difficile, c'est la période où l'on passe de l'écriture gothique à l'écriture moderne », précise Jean-Pierre.

    Autodidacte chevronné, l'Argentanais vient une journée par semaine aux Archives. « J'ai abandonné la généalogie, maintenant j'effectue des recherches pour les uns ou les autres », confie-t-il. Denise Nosal, elle aussi, est accro à la paléo. « J'ai notamment travaillé sur l'histoire de René, mon village », ajoute la retraitée sarthoise. Quelques bruits de pages que l'on tourne, la climatisation qui ronronne. Il est déjà 18 h, le voyage dans le temps continue.

    Plus d'informations sur http://archives.orne.fr/index.php 

    Article paru dans Ouest-France


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