• Le samedi 23 mars 2013 est né mon blog

    « Aïeux bretons et normands »

    consacré à ma généalogie et à l'histoire de ces deux régions.

    Vous pourrez, également, découvrir quelques belles pages de l'histoire du Roussillon.

    Ce blog se voulant convivial, n'hésitez pas à me contacter.


    votre commentaire
  • La paroisse Saint-Louis de Lorient souffle ses 300 cierges

    Curé de Lorient de 1895 à 1908, Adolphe Duparc est ici photographié au milieu de ses vicaires. Il sera promu évêque de Quimper et deviendra l'une des très grandes figures religieuses de la Bretagne dans l'entre-deux-guerres. 

    Le 18 février 1709, Monseigneur d'Argouges, évêque de Vannes, érigeait « la dite église de l'Orient en église paroissiale ». L'abbé Maurey en est aujourd'hui le 24e curé.

    La paroisse Saint-Louis est née du développement des chantiers de la Compagnie des Indes orientales. Le lieu d'Orient faisait alors partie de Ploemeur. En 1702, les notables demandent qu'il soit érigé en paroisse autonome. Ils se heurtent à la vive opposition du curé de Poemeur. Sept ans plus tard, Monseigneur d'Argouges, évêque de Vannes, tranche : « Ordonnons que la dite église, par nous érigée en paroisse, jouira de tous les droits, prérogatives et privilèges attribués à toutes les autres églises paroissiales de notre diocèse. »

    Le premier recteur sera l'abbé Jacques Le Livec. Cet Alréen « jouit d'environ mille livres de rente de son patrimoine. Laquelle rente il donne tout aux pauvres. » Mais sa rente n'y suffit plus. Sa démission, en juin 1712, attire l'attention sur le dénuement de la nouvelle paroisse, à qui le Roi attribue les revenus de l'abbaye de Saint-Pierre de Rillé à Fougères. Évalués à 4 500 livres, ils permettent à l'abbé Jean Vincent d'entretenir trois vicaires.

    François Cohalan est recteur depuis 26 ans quand une escadre anglaise débarque en 1746. La ville s'est placée sous la protection de la Vierge. Quand elle s'apprête à capituler, les Anglais lèvent le camp ! Cette « grande victoire » est toujours commémorée, chaque premier dimanche d'octobre.

    Deux autres événements marquent le siècle. L'abbé Giraud entreprend d'agrandir l'église, qui est totalement remaniée. Le 30 juin 1768, le vicomte de Barrin scelle la première pierre, avec une plaque de dédicace aux armes de Louis XV (On l'a retrouvée en 1946). Sous la Révolution, l'abbé Brossière et ses vicaires font acte d'allégeance à la Constitution civile du clergé. Sommés de se rétracter, ils refusent. Ils seront quand même emprisonnés à Paris comme ennemis de la Nation, en 1794. La chute de Robespierre les sauve. A la mort de Brossière, un de ses vicaires schismatiques lui succède : l'abbé Gauthier. Grâce au Concordat, il est réintégré dans l'Église de Rome en 1802.

    L'église Saint-Louis, même agrandie, reste trop petite. La construction d'une nouvelle église démarre en 1786. Les travaux s'achèveront... en 1821 !

    Curés contre laïcards au XIXe siècle

    Au XIXe siècle, le grand combat des curés de Lorient se fera contre les « laïcards » de la Troisième République. L'abbé Charil va mener la résistance face aux « sans-Dieu ». Dès 1849, il avait fait venir les frères des Écoles chrétiennes pour instruire les enfants du peuple.

    Les Républicains vont laïciser les écoles primaires en 1878, puis lutter contre les congrégations. Quand le chanoine Charil meurt en 1881, ses successeurs, Joseph Guennégo et Adolphe Duparc, continuent la lutte.

    Puisque les frères ont été expulsés, le curé Guennégo mobilise les catholiques pour leur construire une nouvelle école. Le paroxysme des tensions entre maires et curés de Lorient est atteint avec la loi de séparation de l'Église et de l'État. Adolphe Duparc est un curé de choc. Il se bat en 1906 contre Louis Nail, qui fait dresser l'inventaire des biens de la paroisse.

    On a beaucoup oublié ces luttes très violentes. Aujourd'hui, les esprits sont apaisés. La destruction de la Ville, la reconstruction, les bonnes relations avec la municipalité font du tricentenaire une occasion pour les Lorientais de renouer avec leur Histoire.

    (Ouest-France documentation réunie par Patrick Bollet).


    votre commentaire
  • Professeur de la Maîtrise de Sainte-Anne d'Auray


    M. l'abbé François Châtel naquit à Mohon (Morbihan) le 6 août 1888. Il fit presque toutes ses études secondaires au Petit-Séminaire Notre-Dame des Carmes, à Ploërmel.

    Durant le cours de ses études, il fut toujours placé parmi les premiers élèves de sa classe. Il montra dès le début cette intelligence claire et active, qui alla en se développant. Il fournissait d'ailleurs un travail très consciencieux.

    Cependant, quand on voyait pour la première fois ce petit campagnard, à l'air timide et souffreteux, la tête un peu penchée sur l'épaule, on ne devinait pas qu'il était l'un des meilleurs élève de sa classe. Même quand il était pris en leçon, il récitait si lentement qu'on était tenté de dire : « il n'a pas ouvert un livre à l'étude. » Mais on était détrompé au bout de quelques minutes.

    Aussi, à la fin des années scolaires, il emportait toujours des prix : c'était la récompense de son travail.

    Une autre récompense plus solennelle lui était réservée lors de son examen du baccalauréat. Je me souviendrai toujours ce matin du mois de juillet 1906. Nous achevions notre rhétorique, nous avions passé, quelques jours auparavant, l'écrit de la première partie du baccalauréat, et nous attendions le résultat. Enfin, ce matin-là, à huit heures, notre professeur, Monsieur le chanoine Le Floch, actuellement supérieur du collège Saint-Armel, arriva en classe, le journal en main. Nous allions donc connaître le nombre des admissibles. Il n'y en avait que quatre sur une douzaine de candidats que nous étions : François Châtel était l'un d'eux.

    L'année scolaire qui commença en octobre suivant ne se passa pas toute entière à Ploërmel. (Hélas ! Ces temps étaient bien tristes !) A la fin du mois de décembre 1906, en effet, nous dûmes évacuer les bâtiments du petit-Séminaire par suite de la loi de Séparation (1). Heureusement le collège Saint-François-Xavier, de Vannes, nous ouvrit toutes grandes ses portes, et c'est là que François Châtel, alors élève de philosophie, acheva ses études secondaires.

    Il prit la soutane au mois d'octobre 1907, à l'Institut Saint-Anne, à Vannes, sur la route de Conleau, et, dans cette maison, passa la première année de son Grand-Séminaire, couronnée par la réception de la tonsure cléricale.

    Il passa la seconde à Kergonan, près de Plouharnel : Cette année fut particulièrement pénible pour l'abbé Châtel ; il fut en effet sérieusement malade et dut interrompre quelque temps ses études. Cette maladie le fit exempter du service militaire, mais elle le mit en retard pour ses ordinations, et voilà pourquoi il resta au Grand-Séminaire trois mois de plus que les abbés de son cours.

    Il sortit diacre du Grand-Séminaire en décembre 1911, et fut quelques mois professeur au collège Saint-Armel, à Ploërmel.

    A Pâques 1912, il arriva à la Maîtrise de Saint-Anne d'Auray, où il resta jusqu'en janvier 1915, époque où il partit pour la caserne. Il avait été ordonné prêtre en 1912.

    Est-il possible de caractériser en deux mots ces années que M. Châtel passa dans le professorat ? Il faudrait dire que sa santé s'était affaiblie encore, sans doute, à cause de la vie sédentaire qu'il était obligé de mener. L'estomac ne marchait pas : les nerfs et l'humeur se prenait parfois. Mais il continuait à manifester une grande activité intellectuelle ; il aurait voulu voir tous ses élèves s'appliquer au travail comme lui-même.

    L'autorité diocésaine était décidée à le nommer vicaire à la fin de l'année 1914 : la guerre vint déranger tous les plans. M. Châtel rentra donc à sainte-Anne en octobre 1914, et, le 15 décembre suivant, il passa son conseil de révision à Ploërmel. Sa santé était-elle devenue meilleure à ce moment ? En tout cas, il fut reconnu bon pour le service armé.

    A partir de ce jour, M. Châtel se prépara à entrer à la caserne. La fin du mois de décembre, et le mois de janvier furent une longue attente : non pas qu'il eût hâte d'être soldat, mais on devinait un homme presque uniquement préoccupé de son avenir, qu'il voyait plutôt en noir. Il semblait pressentir ce qui l'attendait.

    Il suivait d'ailleurs la guerre de très près, et ne se laissait pas impressionner, quand on lui disait qu'elle serait peut-être fini avant son arrivée au front.

    Son ordre d'appel sous les drapeaux lui fut remis à la fin du mois de janvier 1915. Après quelques mois de préparation, qu'il passa en partie à Malestroit, il partit pour le front. Il n'en ai jamais revenu.

    Pendant les mois de juillet, août et septembre 1915, il a envoyé à l'auteur de ces lignes un assez grand nombre de lettres dont la plupart sont bien intéressantes à lire. Il y montre surtout un grand esprit d'observation. Et que de choses à observer et à décrire à la guerre ! Son esprit très actif et très clair y trouve un aliment inépuisable. De plus, il ne se contente pas de décrire le monde extérieur si varié, si grandiose, au milieu duquel il vit, souvent à quelques mètres de l'ennemi. Il analyse aussi ses pensées pour les communiquer à un ami intime.

    La vie au grand air, les exercices physiques lui avaient fait beaucoup de bien, et il se portait mieux que les années précédentes. Il m'écrivait à ce sujet le 13 septembre 1915 : « Malgré les fatigues, les nuits passées presque sans sommeil, sans autre lit que la terre froide des tranchées, je me porte très bien. Il semble que plus on fait de misère à son corps, mieux il se porte. A la guerre un homme est plus dur à la misère qu'un cheval. »

    Cette santé florissante explique, en partie du moins, les sentiments que M. Châtel manifeste. A côté de quelques phrases plutôt tristes, où il montre qu'il continue à avoir un certain pressentiment de sa mort prochaine, la plupart de ses lettres respirent un calme et une force impressionnante. Il puisait son courage dans son cœur de prêtre, et acceptait coûte que coûte son devoir, tout son devoir avec une grande résignation.

    La dernière lettre qu'il m'ait écrite est du 23 septembre 1915, deux jours avant l'attaque de Champagne. Elle débute ainsi : « Voici la dernière fois que je t'écris, du moins avant le jour du grand assaut. Quand tu recevras cette lettre, je serai en pleine bataille, à moins que déjà une balle ne m'ait étendu mort au fond d'une tranchée, ou qu'un obus ne soit venu me broyer... Ma compagnie forme avec la quatrième la première vague d'assaut. A nous l'honneur de foncer les premiers sur les boches ».

    Cette lettre se terminait par cette phrase qui m'émeut profondément chaque fois que je la relis : « Et maintenant, je te dis : au revoir ! Sur cette terre, je l'espère, ou pour le moins, dans le ciel ! »

    M. Châtel est porté disparu depuis cette attaque. Nous ne pouvons actuellement nous faire aucune illusion sur sa mort.

    C'est donc fini pour cette vie ; cher ami, c'est au ciel que nous nous retrouverons.

    M. François Châtel est déclaré : Mort pour la France, tué à l’ennemi, le 25 septembre 1915 à Le Mesnil-lès-Hurlus (Marne)

     

    (1) La loi de séparation des Églises et de l'État est une loi adoptée le 9 décembre 1905 à l'initiative du député socialiste Aristide Briand, qui prend parti en faveur d’une laïcité sans excès. Elle est avant tout un acte fondateur dans l'affrontement violent qui a opposé deux conceptions sur la place des Églises dans la société française pendant presque vingt-cinq ans.

    Elle remplace le régime du Concordat de 1801, qui est toujours en vigueur en Alsace-Moselle pour des raisons historiques (les élus alsaciens en faisaient une des trois conditions d'acceptation de leur rattachement à la France en 1919, sans quoi ils demandaient un référendum, que la France ne pouvait prendre le risque de perdre après une guerre si meurtrière).

    Elle ne trouva son équilibre qu'en 1924, avec l'autorisation des associations diocésaines, qui permit de régulariser la situation du culte catholique.

    Livre d'Or du Petit-Séminaire de Ploërmel


    votre commentaire
  • Mais laissons la parole à l'un de ses compagnons qui s'est chargé d'apprendre la triste nouvelle au recteur de Quelneuc. La lettre est du 29 mars 1916.

    « Il est deux heures et demie de l'après-midi. A une heure environ, Eugène était appelé chez le bon Dieu.

    « Hier matin il assistait à la sainte Messe selon son habitude.Il a communié également. Ce matin vraisemblablement, l'heure du ravitaillement ne l'aura pas empêché d'en faire autant.

    « A neuf heures du matin, il quittait mon petit bureau, laissant sur la table, ouvert à la page de la Chananéenne la « Vie de Jésus-Christ » de Fouard. J'ai encore toutes ^présentes à l'oreille les réflexions édifiantes que lui suggérait sa pieuse lecture.

    « Au milieu du bourg de Duguy, un auto-camion avait dérapé à la culée d'un pont, et un attroupement s'était formé autour de l'auto qu'on essayait de redresser. Le chariot d'Eugène dut stationner.

    « A ce moment planait un taube. Il remarqua l'attroupement et y jeta une bombe... Je me trouvais exactement à deux cents mètres de l'endroit, mais séparé par une rangée de maisons. Je m'élançai vers le lieu de l'accident. Des cadavres, des moribonds, le plus lamentable spectacle que l'on puisse imaginer. A côté de deux chevaux éventrés, un homme, la face contre terre, dans les spasmes de l'agonie. C'était Eugène. Je ne le reconnu pas, j'ignorais qu'il fut là, Je lui donnai l'absolution sans le reconnaître. Peu après l'aumônier du groupe. Penché sur Eugène, il l'interrogea, mais en vain. Cependant il vivait toujours, aussi l'aumônier lui donna une nouvelle absolution et l'Extrême-Onction.

    « Quelques instants après son corps arriva à l'ambulance, et on put examiner ses blessures. Il avait la carotide droite coupée, et une blessure grave à l'aisselle droite. »

    Les funérailles d'Eugène Josset eurent lieu le lendemain de sa mort, elle furent célébrées avec toute la solennité possible. Un chef prit la parole, et, dans un langage plein de foi, fit ressortir les qualités éminentes du défunt. Le commandant du groupe de brancardiers fit venir une couronne, en attendant que les circonstances lui permettent de faire célébrer un service pour lui.

    Certes, on peut rêver une mort plus belle, sur les champs de bataille, face à l'ennemi, mais aux yeux du Maître divin qui considère moins le don que la manière de donner, cette mort en service commandé peut-être aussi précieuse, quand elle est préparée et patiemment acceptée.

    Livre d'Or du Petit-Séminaire de Ploërmel


    votre commentaire